Poésie


Gaïa

 

Préfacé par Xavier Bordes 

En guise de préface.
C’est sur un forum de poésie que j’ai rencontré Christian Gastou, dont le nom fleure bon l’accent de ce sud où se trouvent mes racines …
Ses poèmes m’ont intéressé, en ce que j’ai toujours pensé que pour avoir la tête dans les étoiles, un poète se devait d’être terre à terre, et ne pas se dérober devant le réel : c’est le cas de Christian Gastou, écartelé comme tous les vrais poètes entre les sombres problèmes du monde moderne (que la poésie ne saurait esquiver), et cet Idéal dont parlait Baudelaire (et dont le poète conscient a besoin pour survivre). C’est cette double instance qui donne aux poèmes de Christian Gastou leur force d’humanité… De ses rêves nous apprenons, par effet de contraste, ou disons de stéréoscopie, à prendre 
conscience du réel et à lui donner du relief. De même, son style et la construction de ses poèmes oscillent entre une structure, un vers, proches du classicisme, et d’autre part une liberté typique des écrits contemporains.
J’ai donc suivi l’apparition sur le Net des poèmes de 
Christian Gastou avec curiosité, et à présent qu’il décide de les rassembler en un recueil, je forme pour eux le vœu qu’ils soient heureusement reçus par des lecteurs qui aiment autant que moi une poésie simple, réaliste, mais 
aussi méditative et visionnaire.
C’est un bonheur qu’en nos temps de crise, en particulier pour la poésie, il existe encore de nouveaux poètes qui ont le cœur de publier leurs œuvres.

                                                                                          Xavier Bordes


La sueur des cargos 

 

« Car j’ai de grands départs inassouvis en moi »
Jean de La Ville de Mimont

 

La sueur des cargos

 

Certains vivent sans cesse à s’en briser les rêves ;
Pour d’autres c’est trop tard, ils ne sauront jamais
L’ivresse des départs.

 

Ils ne ressentiront jamais sur leurs peaux sèches
L’eau fraiche des embruns, la sueur des cargos,
La moiteur des grands ports.

 

Comment peut-on survivre aux soleils qui se couchent,
Sans aller voir jamais, vers l’occident lointain,
La raison de leur fuite ?

 


La colère des ombres

 

Sur la terre vidée, de sa chair, de sa vie,

Il nous faudra un jour affronter seuls et sombres,

Le silence absolu, l’irrévocable avis

De tout ce qui vécut : la colère des ombres.

 

Le vent imitera, minéral et cruel,

De son cri déchiré sur un rocher stérile,

Le feulement félin, féroce et sensuel,

Du tout dernier guépard, de sa gorge fragile.

 

Les larmes de ses yeux, noires comme sa mort,

Auront coulé sur terre où seuls restent les hommes ;

Sur nos mains fatiguées, tremblantes de remords ;

Sur les drapeaux flétris de nos anciens royaumes.

 

Comme l’arbre pleureur qui confondait le bas

Et le ciel où sa branche aurait dû vouloir vivre,

Nous avions pris l’or, l’argent et nos sabbats,

Pour le feu du soleil, mais ils n’étaient que givre…


Airs libres 

 

« Retranscrire l’émotion pour donner corps aux fictions du cœur,
Jongler avec les mots pour calmer ce qui embarrasse,
Jouer avec les thèmes pour adoucir certaines lourdeurs,
Inventer pour protéger le rêve,
Et réinventer sans cesse son style pour continuer à vivre.
Une personne, un contexte, un lieu, ou une œuvre sont autant de sources d’imagination.
Une imagination aux airs libres. »

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